I

 

Les marins des vapeurs rescapés avaient inventé leurs propres légendes. Des contes à dormir debout, d’une fausseté flagrante, dont Guilford avait entendu la plupart avant que l’Odense ne franchît le quinzième méridien.

Un garçon de cabine ivre lui avait parlé de l’endroit où se rencontraient les deux océans : le vieil Atlantique de l’Amérique et le nouvel Atlantique de la Darwinie. La séparation, d’après le marin, était aussi visible et deux fois plus traître qu’une ligne de grains. D’un côté, l’eau était visqueuse comme de l’huile, et tout ce qui cherchait à passer la frontière y laissait immanquablement la vie. En conséquence, la zone regorgeait de cadavres animaux tant familiers qu’étrangers : dauphins, requins, rorquals, baleines bleues ; anguillards, barriques de mer, poissons-bulles ou poissons-bannières. Ils flottaient sur place, serrés à se toucher, leurs yeux vitreux écarquillés. L’eau glacée les conservait de manière peu naturelle, solennel avertissement adressé aux navires assez fous pour se frayer un passage parmi leur masse puante.

Guilford savait que ce n’était qu’un mythe, un conte pour effrayer les naïfs, mais comme tous les mythes, celui-là emportait l’adhésion lorsqu’on l’entendait au bon moment. Le jeune homme s’appuyait au bastingage terni de l’Odense, en plein milieu de l’Atlantique, dans le soleil déclinant. Le vent arrachait à la mer houleuse des lambeaux d’écume, mais les nuages s’étaient écartés, à l’ouest, si bien que de longs doigts de lumière se promenaient sur les flots. Au-delà de l’horizon, à l’est, attendaient les menaces et les promesses du nouveau monde, l’Europe transformée, le continent-miracle que les journaux persistaient à appeler la Darwinie. Les poissons-bulles ne se pressaient pas contre la proue du navire, les mêmes eaux salées léchaient tous les rivages terrestres, mais Guilford savait qu’il venait de franchir une frontière bien réelle, que son centre de gravité s’était déplacé glissant du familier à l’étranger.

Il se détourna, les mains aussi froides que le cuivre du bastingage. À vingt-deux ans, jamais il n’avait pris la mer avant le vendredi précédent. Trop grand et dégingandé pour faire un bon marin, il se meurtrissait régulièrement les épaules dans le labyrinthe intérieur de l’Odense, un bateau qui avait rendu de grands services sur une ligne danoise avant le miracle. Il passait la majeure partie de son temps dans sa cabine, avec Caroline et Lily, ou, lorsque le froid n’était pas trop vif, sur le pont. Le quinzième méridien marquait la limite ouest du grand cercle imprimé dans le globe, et le jeune homme espérait, au-delà, entrevoir quelque forme de vie océanique darwinienne. Pas des milliers d’anguillards « emmêlés comme les cheveux d’une noyée », mais peut-être une barrique de mer venue remplir ses sacs pulmonaires à la surface. Guilford guettait anxieusement le moindre signe du nouveau continent, fût-ce un simple poisson ; toutefois, conscient de la naïveté de son ardeur, il s’efforçait de la cacher aux autres membres de l’expédition.

L’entrepont était humide et exigu. La famille Law s’était vu attribuer, au milieu du navire, une cabine minuscule que Caroline ne quittait guère. Le premier jour, à la sortie du port de Boston, elle avait eu le mal de mer. Elle assurait se sentir mieux, à présent, mais Guilford la savait mécontente. Il n’y avait dans ce voyage rien qui pût lui faire plaisir, même si elle s’était pratiquement imposée sur le bateau.

Pourtant, en pénétrant dans la petite pièce où elle l’attendait, le jeune homme eut l’impression de tomber derechef amoureux. Assise au bord du lit, le dos arqué, elle promenait dans ses cheveux une brosse en nacre dont les lentes glissades méditatives suivaient la courbe de sa nuque. Avec ses grands yeux mi-clos, elle ressemblait à la princesse d’un songe opiacé : distante, rêveuse, triste, toujours. Belle, tout simplement. Guilford éprouva, une fois de plus, le désir aigu de la photographier. Il avait réalisé son portrait peu de temps avant leur mariage mais n’en avait pas été satisfait. Les plaques, dans leur sécheresse, ne rendaient pas les subtilités de son expression, la luxuriance de sa chevelure aux sept nuances de noir.

S’asseyant à son côté, il résista à l’envie de lui caresser l’épaule au-dessus de son cache-corset. Ces derniers temps, elle n’aimait guère qu’il la touchât.

« Tu sens la mer, remarqua-t-elle.

— Où est Lil ?

— Partie satisfaire un besoin naturel. »

Comme il se rapprochait pour l’embrasser, elle lui jeta un coup d’œil avant de lui offrir sa joue. Elle avait la peau fraîche.

« Il faut nous habiller pour le dîner », dit-elle.

 

L’obscurité enveloppait le navire. L’ombre, que ne dissipaient pas les rares ampoules électriques, rendait les corridors plus étroits encore. Guilford guida Caroline et Lily jusqu’à la pièce mal éclairée baptisée salle à manger, où ils retrouvèrent les quelques scientifiques de l’expédition installés à la table du médecin du bord, un Danois corpulent visiblement alcoolique.

Les naturalistes discutaient taxonomie. Le praticien parlait fromage.

« Mais si nous créons tout un nouveau système de Linné…

— La situation l’exige !

— … cela risque de suggérer une connexité de descendance, la familiarité d’espèces par ailleurs bien définies…

— Le gjedsar ! À l’époque, on en proposait même au petit déjeuner. Des oranges, du jambon, des saucisses, du pain de seigle tartiné de caviar rouge. Chaque repas était un véritable frokost. Rien de commun avec cette maigre pitance. Ah ! » Le médecin avait pris conscience de l’arrivée des Law. « Notre photographe. Et sa charmante famille. Belle dame ! Petite demoiselle ! »

Les dîneurs, se levant, s’agitèrent pour dégager un peu de place. Guilford s’était fait des amis parmi les naturalistes, notamment le botaniste, Sullivan. Caroline, quoiqu’elle fût de toute évidence la bienvenue, n’avait pas grand-chose à dire durant les repas. Lily, elle, avait conquis les voyageurs. À quatre ans tout juste, elle avait déjà appris de sa mère les rudiments de la bienséance, et sa curiosité ne dérangeait pas les scientifiques… excepté peut-être Preston Finch, leur aîné, qui ne savait pas s’y prendre avec les enfants. Mais Finch, installé à l’autre extrémité de la longue table à tréteaux, monopolisait un géologue de Harvard. Lily s’assit à côté de sa mère puis, méthodique, déplia sa serviette. Ses épaules arrivaient tout juste au niveau du plateau.

Le praticien – sans doute un peu ivre – lui sourit, rayonnant.

« Notre jeune Lilian m’a l’air affamée. Tu veux une côte de porc, Lily ? Oui ? Elle est comestible, malgré sa minceur. Et de la sauce aux pommes ? »

La fillette acquiesça, s’efforçant de ne pas broncher.

« Bien, bien. Nous sommes à mi-chemin du grand océan, Lily. À mi-chemin de la grande Europe. Tu es contente ?

— Oui, répondit-elle, obligeante. Mais nous nous arrêtons en Angleterre. Il n’y a que papa qui va en Europe. »

Comme la plupart des gens, elle faisait la distinction entre Europe et Angleterre. Quoique la Grande-Bretagne eût été aussi affectée que la France ou l’Allemagne par le miracle, les Anglais étaient parvenus à imposer leurs droits territoriaux, avaient reconstruit Londres ainsi que leurs autres ports côtiers et gardé le contrôle de leur flotte.

L’attention de Preston Finch se porta sur les arrivants. Il fronça les sourcils au-dessus de sa rude moustache en brosse.

« Votre fille établit une séparation fictive, Mr. Law », lança-t-il de son bout de table.

Les conversations durant les repas n’étaient pas aussi animées sur l’Odense que Guilford l’avait pensé. Le problème venait en partie de Finch, auteur d’Apparition et révélation, texte fondateur du naturalisme biblique publié avant même 1912. Grand, grisonnant, totalement dénué d’humour et gonflé de sa propre importance, Finch possédait des références parfaites ; après deux ans passés le long du Colorado et de la Red River, à rassembler les preuves d’une inondation généralisée, il était devenu une des grandes forces du Renouveau biblique suscité par le miracle. Tous ses compagnons avaient peu ou prou les manières de chiens battus des pécheurs repentis, à l’exception du botaniste, Sullivan. Plus âgé que Finch, ce dernier possédait une assurance qui lui permettait d’importuner de temps à autre son cadet avec une citation de Wallace ou de Darwin. Les anciens évolutionnistes en poste depuis moins longtemps étaient tenus à plus de prudence. Une situation qui rendait la conversation tendue, hésitante.

Guilford lui-même parlait peu. Le photographe de l’expédition n’était pas censé exprimer des opinions scientifiques, ce qui valait peut-être mieux.

Le médecin du bord jeta à Finch un regard irrité en s’efforçant d’attirer l’attention de Caroline.

« Vous avez trouvé à vous loger à Londres, Mrs. Law ?

— Lily et moi habiterons dans ma famille.

— Ah ! Un cousin anglais ! Soldat, trappeur ou commerçant ? On ne trouve que ça, à Londres.

— Vous avez sans doute raison. Il possède une quincaillerie.

— Vous avez du courage, Mrs. Law. La vie sur la frontière…

— Pour quelque temps seulement, docteur.

— Pendant que les hommes partent à la chasse aux snarks ! » Plusieurs scientifiques le fixèrent avec incompréhension. « Lewis Carroll ! Un Anglais ! Seriez-vous tous ignares ? »

Silence. Enfin, Finch prit la parole :

« L’Amérique n’a guère d’estime pour les auteurs européens, docteur.

— Bien sûr. Excusez-moi. Les gens oublient. Ceux qui ont de la chance. » Le praticien jeta à Caroline un regard de défi. « Londres était autrefois la plus grande cité du monde. Le saviez-vous, Mrs. Law ? Rien de comparable avec l’ébauche grossière qu’elle est à présent. Des cabanes, des cagibis, de la boue. Mais je regrette de ne pas pouvoir vous montrer Copenhague. Ça, c’était une ville ! Une ville civilisée. »

Guilford connaissait ce genre d’hommes. On en trouvait dans tous les bars du front de mer, à Boston. Des Européens vagabonds buvant d’un air sinistre à Londres, Paris, Prague ou Berlin. Ils cherchaient à s’intégrer à quelque club, quelque Ordre de ceci ou de cela, quelque assemblée où ils entendraient parler leur langue comme si elle n’avait pas été morte ou mourante.

 

Caroline mangea en silence. Lily elle-même resta très calme. La tablée entière avait subtilement conscience d’avoir franchi la ligne de démarcation située à mi-chemin. Les mystères qui attendaient les voyageurs se dressaient soudain devant eux, plus imposants que les grises certitudes de Washington ou de New York. Finch seul n’en paraissait pas affecté : il discutait l’importance du silex noir en tant que pierre à fusil d’un ton sans réplique avec quiconque voulait bien lui prêter l’oreille.

Guilford avait vu Preston Finch pour la première fois dans les bureaux d’Atticus and Pierce, un éditeur de Boston spécialiste du manuel scolaire. Une année plus tôt, le jeune homme avait accompagné dans l’Ouest Walcott, le photographe officiel des études de la Gallatin et du canyon de Deep Creek. Finch, qui organisait une expédition pour cartographier le sud de l’Europe, avait obtenu l’appui de la Smithsonian Institution et de riches donateurs. C’était une occasion à saisir pour un photographe expérimenté. Pierce avait présenté Guilford au scientifique parce que le jeune homme remplissait les conditions requises, mais peut-être aussi parce qu’il était quant à lui l’oncle de Caroline.

À vrai dire, Guilford le suspectait d’avoir voulu éloigner quelque temps de Boston l’époux de sa nièce. L’éditeur et son neveu par alliance ne s’entendaient guère, malgré leur commun amour pour Caroline. Quoi qu’il en fût, Guilford avait saisi avec reconnaissance sa chance de se joindre à Finch pour explorer le nouveau monde. Il serait bien payé, par rapport aux tarifs habituels, et ce travail lui permettrait peut-être de se tailler une petite réputation. De plus, le continent le fascinait. Il avait lu non seulement les rapports de l’expédition Donnegan (qui avait longé les contreforts des Pyrénées, de Bordeaux à Perpignan, en 1918) mais aussi (en secret) toutes les histoires darwiniennes publiées par Argosy et All-Story Weekly, notamment celles d’Edgar Rice Burroughs.

Pierce avait cependant oublié l’entêtement de Caroline, laquelle avait refusé de rester seule avec Lily une seconde fois, fût-ce pour une saison ; ni l’argent en jeu ni les propositions répétées de lui fournir une servante, pendant la journée, ne l’avaient fléchie. Guilford, quant à lui, ne tenait pas particulièrement à la laisser derrière lui, mais cette expédition représentait le tournant de sa carrière, voire la différence entre pauvreté et sécurité.

La jeune femme n’en était pas moins restée intraitable, allant jusqu’à le menacer de le quitter (ce qui n’avait aucun sens). Il avait répondu à ses objections avec calme et patience sans la fléchir d’un iota.

Enfin, elle s’était résignée à un compromis : son oncle lui paierait le voyage jusqu’à Londres, où elle s’installerait dans sa famille pendant que Guilford gagnerait le continent. Au moment du miracle, les parents de Caroline étaient en visite dans la capitale britannique, et elle prétendait désirer voir l’endroit où ils avaient trouvé la mort.

Bien sûr, on n’était pas censé dire que qui que ce fût avait trouvé la mort au cours du miracle : les gens avaient été « emportés », ils étaient « passés de l’autre côté », comme glorifiés d’un souffle à l’autre. D’ailleurs, qui savait ? Peut-être en était-il bien allé ainsi. Toutefois, des millions d’êtres humains avaient purement et simplement disparu de la face de la Terre, avec leurs fermes et leurs cités, leur flore et leur faune. Caroline était incapable de pardonner pareil miracle ; elle en avait une vision de violence et de cruauté.

Seul membre de l’expédition accompagné de sa famille, Guilford se sentait un peu gêné, mais nul ne s’était permis la moindre remarque hostile. Lily avait même gagné quelques cœurs, aussi pouvait-il s’estimer heureux.

 

Après dîner, le groupe se débanda : le Danois alla tenir compagnie à une flasque de whisky canadien, les scientifiques partirent jouer aux cartes dans le fumoir, autour de tables couvertes de feutre usé, Guilford rentra dans sa cabine lire à sa fille un chapitre d’un bon conte de fées américain, Le Pays d’Oz. Les livres consacrés à Oz étaient partout, depuis qu’Andersen et les frères Grimm étaient tombés en défaveur, entachés qu’ils étaient par la vieille Europe. Lily, grâce à Dieu, ignorait que la politique affectait jusqu’aux livres. Elle aimait Dorothy, tout simplement. Guilford lui-même s’était attaché à la petite paysanne du Kansas.

La fillette finit par poser la tête sur l’oreiller, les yeux clos. Son père éprouva en la contemplant, endormie, un bref sentiment de désorientation. La vie mélangeait tout de manière bizarre. Comment s’était-il retrouvé à bord d’un bateau en partance pour l’Europe ? Peut-être, après tout, n’avait-il pas fait le meilleur choix.

Mais il n’était bien sûr pas possible de revenir en arrière.

Il arrangea la couverture de Lily sur sa couchette, éteignit la lumière puis alla s’allonger auprès de Caroline qui lui tournait le dos, assoupie, arc parfait de chaleur humaine. Il s’endormit blotti contre elle, bercé par le grondement des machines.

 

Peu après l’aube, il se réveilla, agité, s’habilla et se glissa hors de la cabine sans réveiller sa femme ni sa fille.

Il faisait frais, le ciel était d’un bleu de porcelaine. Seuls quelques petits nuages tachaient l’horizon oriental. Guilford jouit du vent, sans penser à rien de particulier, jusqu’à ce qu’un jeune officier vînt le rejoindre contre le bastingage. Le marin ne se présenta ni par son nom ni par son grade, se contentant de sourire, dans la camaraderie de hasard qui unit deux hommes debout à l’aube piquante.

Ils contemplèrent le ciel un moment, avant que l’arrivant ne tournât la tête pour dire :

— On approche. Ça se sent.

Guilford fronça les sourcils. Encore un conte à dormir debout.

— Qu’est-ce qui se sent ?

L’officier était américain ; son accent traînant évoquait le Mississippi.

— La cannelle. La gaulthérie. Plus quelque chose d’autre de complètement neuf. Comme une épice éventée, empoussiérée, venue d’une contrée où aucun Blanc n’aurait jamais posé le pied. C’est plus net quand on ferme les yeux.

Son compagnon baissa les paupières. Il prit conscience de l’air froid qui pénétrait dans ses narines. Il faudrait un petit miracle pour qu’il parvînt à sentir quoi que ce fût, avec ce vent. Pourtant…

Clou de girofle ? Cardamome ? Encens ?

— Qu’est-ce que c’est ?

— Le nouveau monde, cher ami. Ses arbres, ses rivières, ses montagnes, ses vallées. Le continent tout entier qui traverse l’océan porté par la brise. Vous le sentez ?

Guilford en avait la nette impression.

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